[Blogueur collaborateur 2017] Elles et moi conversation avec Konan Koffi Eric

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Après notre causerie avec le discret Paul Armand Menye, place à notre conversation avec le pluridisciplinaire tout feu, tout flamme Konan Koffi Eric autre blogueur originaire de côte d’Ivoire et qui réside actuellement en Espagne.

Avant toute chose Koffi, merci d’avoir accepté l’invitation à rejoindre l’équipe de la contribution digitale à la Journée Internationale de la Femme Africaine en qualité de blogueur collaborateur. A ce propos, connaissiez-vous cette journée avant que je ne vous contacte ? Quel est votre sentiment sur le fait d’avoir une journée dédiée en 2017 sachant qu’en plus il y’a déjà le 8 mars ?

Le plaisir est pour moi de mettre ma modeste contribution digitale en votre honneur pour la réussite de la JIFA 2017. Revenons à votre question, honnêtement avant d’être contacté, j’avais entendu vaguement parlé de cette journée, mais je n’y avais pas prêté attention. Pour moi c’était juste une continuité de la journée de la femme sur une autre plateforme.

Dans le domaine de l’enseignement, il est courant d’entendre que la répétition est pédagogique. Dans notre contexte, qu’il ait une journée consacrée à la femme en plus du 08 mars, je ne vois pas en quoi cela poserait un problème. Il y’a encore du chemin à faire, des sensibilisations pour une prise de conscience sur la vulnérabilité, la marginalisation de la femme dans certains pays, mais aussi au sein de certaines entreprises. Et la JIFA est une porte ouverte pour cette prise de conscience, pour révéler la femme Africaine dans toute sa dimension hors des clichés qu’on lui colle. La plateforme digitale représente la globalisation de notre monde donc susceptible de toucher le grand public aux quatre coins du monde.

1/ Lorsque vous plongez dans votre enfance, quelles figures féminines vous viennent en mémoire ?

Les figures féminines qui me viennent à l’esprit quand je parcours mon enfance sont nombreuses. Mais je parlerai de deux figures qui pour moi ont marqué mon enfance. En premier lieu ma mère. Je suis conscient qu’il est commun d’entendre que les enfants de sexe masculin s’entendent plus avec leurs mères que leurs pères. Je ne pense pas que cette logique fut mon élection en prenant ma mère comme une figure. Le fait est qu’elle m’a eu dans son adolescence et malgré son analphabétisme, elle a toujours été dans une lutte perpétuelle pour me donner les chances qu’elle n’avait pu avoir. Elle a toujours été dans un combat alliant tous les petits commerces pour m’offrir le meilleur. Je la voyais très tôt se lever pour rejoindre des différents travaux comme femme de ménage, restauratrice, ou vendeuse dans un marché local.

Ce sont des faits qui vous marquent et vous orientent dans la vie en sachant d’où vous venez et ce que vous désirez atteindre. À travers l’image de ma mère, permettez-moi de rendre un vibrant hommage à toutes ses collègues commerçantes, qui dès le matin prennent le chemin des différents marchés africains, des femmes battantes qui très souvent maintiennent toute une famille grâce aux bénéfices des ventes.

En second lieu, comme figure marquante, il y’a l’image de ma mère adoptive Da Silva Yvette, chez qui j’ai passé tout mon cursus scolaire. Une véritable école de la vie dont je suis sorti plus mature. Comme j’aime si bien le dire, je suis le reflet de l’éducation de ces deux femmes.

2/ A présent que vous êtes adulte comment décririez-vous la femme ivoirienne à un ressortissant d’un autre pays ?

Je décrirais la femme ivoirienne à un étranger comme l’expression de la beauté féminine ouest africaine selon moi. C’est avant tout une grande séductrice qui aime être coquette en tout temps. La femme ivoirienne c’est celle la même qui a compris le sens de l’indépendance donc prête à tout pour se prendre en charge. Elles sont sur tous les fronts dans le secteur formel et informel. Son univers reste son foyer où l’épanouissement de ses enfants est sa plus grande préoccupation. C’est une femme au tempérant très chaud comme la chaleur de nos tropiques. Juste pour rire.

3/ Vous êtes désormais un pigeon voyageur, d’Abidjan à Toulouse en passant par Malaga où vous animez une chronique qui met en valeur la culture africaine. En passant dans ces différents lieux, votre perception des femmes africaines a t-elle changé? Pourquoi?

C’est vrai qu’au cours de mes différents voyages à travers quelques villes européennes j’ai eu la chance de rencontrer diverses mentalités. Cependant, ma perception de la femme africaine reste la même. Celle d’une femme forte, battante et dynamique dès qu’on lui donne les armes pour se défendre. Elle a ses réalités qui ne sont pas celles de la femme européenne. C’est dommage que parfois les hommes africains ayant eu l’opportunité de découvrir le monde occidental rejette autant de culpabilité sur la femme africaine en la mettant sur le même rang que l’européenne. Non, la femme africaine vit en fonction des croyances transmises de mère en fille, de ses coutumes et de sa religion. Une fois qu’on la regarde sous cet angle, on peut mieux l’appréhender dans toute sa splendeur.

4/ Revenons un instant à la vie personnelle, quelles femmes d’autres pays africains avez-vous déjà fréquenté et qu’est-ce qui vous a marqué chez elles ?

A part les femmes ivoiriennes, j’ai eu à côtoyer des femmes de la Teranga (Sénégal), de la Guinée, du Cameroun et du Liberia. Chez la femme sénégalaise, je retiens son attachement à sa vie de couple malgré son statut dans la société, la fierté de l’éclat de sa couleur d’ébène et son sens du partage. Répondre à ses obligations d’épouse et de mère au foyer reste l’une de ses priorités  A part cela, comme je suis un grand consommateur de cuisine étrangère? pour moi la femme sénégalaise détient le record des mets et saveurs exotiques. 

Chez la femme Guinéenne, j’admire sa beauté mais aussi son attachement à sa religion musulmane. Elle reflétera toujours cette croyance religieuse dans chaque style vestimentaire qu’elle adoptera selon les circonstances. 

La femme camerounaise, j’adore son accent qui la distingue des autres cultures, sa vivacité, son franc parler, puisque, c’est elle qui n’a pas peur de dire tout haut ce qu’elle pense tout bas, peu importe les répercussions.

Enfin chez la libérienne, j’ai été marqué par son riz au gras au fameux lait de coco.

5/ La plume poétique de votre blog rend de beaux hommages aux femmes à la fois en espagnol et en français. Quelles sont vos sources d’inspiration pour ces figures presque divines que vous décrivez ?

J’ai grandi dans un nid de femmes. Les femmes ont toujours été mes muses. Elles demeurent ma grande source d’inspiration. Lorsque je dois rédiger un poème sur la femme, j’effectue un voyage vers mon passé. Ma mère demeure toujours la base de mon inspiration parce que nous avons un fort lien de complicité. C’est à partir d’elle que je contemple par exemple les luttes des femmes commerçantes, des femmes analphabètes, des femmes qui ont marqué mon enfance. Mais je peux également tirer mon inspiration sur une passante, ou dans le sourire d’une voisine de voyage, dans la personnalité d’une femme quelconque.

6/ Quittons l’univers de la toile, pour ouvrir le voile du privé et de la romance. Décrivez- nous la femme africaine de vos rêves ?

La femme africaine de mes rêves? Je répondrais cette femme qui est mon opposé afin qu’on se complète. Je suis de nature très bruyante, très désordonné, hyper actif et très authentique. Je la vois comme une femme africaine religieuse, discrète, avec une peau naturelle mais bien embellie. Cette femme qui a le sens du partage, de la famille, de l’entrepreneuriat mais surtout celle qui milite pour l’entente au sein de nos familles respectives.

7/ Et si je vous dis musique, voix féminine africaine? Vous me répondez…? avec quelle chanson? Que représente t-elle pour vous?

journee femme afrique blogueur konan koffi eric charlotte dipandaUne voix féminine, je réponds avec émotion Charlotte Dipanda. Un titre d’elle ? Bien que, je raffole de tous ses titres, je choisis Na Ndé. Charlotte pour moi est une voix sure de l’Afrique. Elle sait toucher les émotions avec son timbre vocal en vous emportant au cœur du continent noir. Sa personne si timide s’harmonise avec ses mélodies. Que vous soyez du Cameroun, de la Côte d’Ivoire peu importe votre situation géographique, vous êtes bercés par ses mélodies sans même comprendre les paroles. Dès l’instant où je l’écoute, c’est un voyage vers l’Afrique que j’effectue. Et pourtant, je n’ai aucune idée de la signification de ses chants. J’avoue que des fois en l’écoutant, j’ai les larmes aux yeux. Ce titre Na Ndé me transmet la rage de réussir, me renvoie en mémoire ma tendre enfance. C’est comme si elle arrivait à m’hypnotiser et sortir de mon être mon passé. À mon humble avis, elle accomplit le rôle d’une vraie artiste.

Enfin pour conclure, dites-moi Koffi : quelle question auriez-vous aimé que je vous pose sur les femmes africaines ? Eh bien répondez-y comme si je l’avais posé !

J’aurais aimé que vous me posiez la question de savoir, si les femmes africaines sont conscientes des problèmes liés à la dépigmentation. Et, malheureusement, je répondrais par l’affirmative. Elles risquent le tout juste pour la beauté. Il y’a encore une grande sensibilisation à faire à ce sujet. De nombreuses femmes africaines même en Europe se sentent complexées par la couleur de leurs peaux. Un exemple ici en Espagne? je connais une amie qui dépense des centaines d’euros pour commander des produits éclaircissants venant de son pays. Pourtant? je la trouve magnifique avec sa couleur noire. Le slogan africain et fier est juste proclamé pour des occasions particulières et non vécu dans le quotidien d’une catégorie d’africaines. Il est temps que la femme africaine accepte sa peau puisqu’elle représente son origine et son identité. C’est dommage de voir des milliers de francs s’évaporer juste pour des produits blanchissants. J’aimerais qu’elles prennent consciences que la peau noire résiste au vieillissement. Plus on la décape, plus elle est exposée aux différentes maladies de peaux. On peut avoir la peau noire et rester belle, féminine et gracieuse, le top model sénégalais Khoudia Diop surnommée la déesse de la Mélanine pour sa couleur noire très foncée en est une preuve.

Merci beaucoup pour ce trépidant entretien Koffi. Pour conclure sur le dernier point, étant partisane de la responsabilisation et du libre arbitre, comme les concernées sont adultes et que l’information est abondante, accessible et clairement axée sur les dangers, j’avoue que je n’aurais jamais pensée à une telle question. Et c’est une bonne chose que vous la souleviez, je pense que nous aurons l’occasion d’échanger sur ce point ultérieurement. C’est une affaire à suivre.

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