Elles et moi les femmes inspirantes de Grace Bailhache

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Quand il n’y en a plus, il y’en a encore chers lecteurs adorés et après la conversation avec le blogueur collaborateur Lareus Gangoueus autour de quelques inspirantes de son univers, c’est à mon tour d’ouvrir la voie de ce volet des entretiens aux autres participantes à l’édition 2017 de la contribution digitale à la Journée Internationale de la Femme Africaine.

Comme pour mes deux précédentes causeries, ce sont les trois chipies en coulisses qui se sont chargées de me passer au grill des questions savamment concoctées par Mawuli Douglas la spécialiste en la matière.

En principe cet entretien débute par une question sur les racines africaines. C’est une suggestion faite par Mawuli Douglas lors de l’édition 2016 dont le thème était Des racines et des ailes. J’ai choisi de la conserver cette année parce n’en déplaise aux universalistes, extrémistes et autres tribalistes, pour ce qui me concerne partager ses racines c’est refléter une partie de son identité, ni plus ni moins. Je ne tire aucune gloriole de m’inscrire dans une lignée, c’est  une singularité parmi d’autres qui me constitue. Si cela vous intéresse de connaitre mes racines africaines, cet article vous en fournira les clés  Grace 2016.

Place à la conversation autour des femmes inspirantes.

1/ Grace Bailhache… Comme vous avez déjà répondu à la question sur les racines africaines, je vais vous demander comment vous décririez la femme congolaise à quelqu’un qui n’est pas de votre pays ?

Ouille ! Celle là je ne l’ai pas vu venir. Mais qu’est ce que c’est, que cette question à la mords moi le nœud Mawuli ? Vous savez ce que je pense des généralités pourtant ! Ah oui ! çà y’est, je comprends la question derrière la question. En fait, vous voulez savoir comment je pourrais tordre le coup des fameuses phrases à l’emporte pièce qui m’agacent tant, c’est bien cela ?

C’est un peu çà. On a l’habitude entre nous de dire les ghanéennes sont comme çà, pas comme les nigérianes qui sont plutôt comme ci.

Oui c’est bien ce que je craignais. Je suis terriblement agacée par les généralités sur les pays, je trouve ces raccourcis dangereux parce qu’ils sont souvent négatifs et s’imprègnent durablement dans les esprits les moins curieux. Si j’étais terre à terre je dirais à la personne qui m’interroge qu’il y’a autant de femmes congolaises qu’il y’a de femmes au Congo. L’exemple de ma propre famille en est une parfaite illustration, les femmes y sont majoritaires, et, il n’y en a pas deux de semblables. Mes sœurs, mes mères et moi formons toutes des planètes à part entière. En conclusion, je dirais à qui m’interroge que j’ai rencontré des congolaises brillantes sans être vaniteuses, belles sans fards, ambitieuses sans être va t-en-guerre, humbles sans artifices, croyantes sans ostentations, que j’en ai connu aussi qui étaient des dindes incultes, des boudins jusqu’au tréfonds de l’âme, des paresseuses aigries, des égocentriques manipulatrices et des superstitieuses pathologiques. 

2/ A l’exclusion du Congo votre pays d’origine, quel(s) pays africain(s) avez-vous visité ? Quels points communs et différences vous ont le plus frappé ? Et puis aussi quels pays africains vous rêvez d’aller et pourquoi ?

Le plus gros de ma vie s’est passé hors du continent africain, j’ai visité Yaoundé au Cameroun, Port Gentil au Gabon, Ganvié au Bénin et Marraketch au Maroc. De si brefs séjours que des comparaisons de ma part serait au mieux présomptueuses, au pire mensongères voire fantasmagoriques. Comme je suis une grande voyageuse par ailleurs, ce que je peux dire en revanche, c’est que où que je sois allée, j’ai toujours rencontré des personnes bienveillantes à mon égard. Chaque contrée est une aventure, je ne prends rien pour acquis, j’observe et je m’adapte à la manière du caméléon chez Hamadou Hampaté Ba.

J’ai longtemps fantasmé sur le Kenya sans pouvoir trouver l’origine de ce désir. C’est le seul pays qui me vient à l’esprit et que j’associe au rêve. Pour le reste, dans ma wishlist le top 5 donnerait le Congo, la Côte d’ivoire, le Sénégal, le Togo et le Burkina Faso. Pourquoi ? Le Congo pour poursuivre mes périples en bus, basket et sac à dos et si les conditions ne permettent pas de sillonner du nord au sud, fureter aux alentours des capitales. Quant aux autres pays, l’idée est de joindre l’utile à l’agréable. L’utile pour passer du virtuel au réel et collaborer vraiment sur le terrain avec quelques personnes en marche. L’agréable pour explorer Grand Bassam en Côte d’Ivoire, Saint Louis et Coubanao au Sénégal, Atakpamé et Anoha au Togo, Bobo-Dioualasso, Banfora et Gandefabou au Burkina Faso.

3/ L’adage ou le proverbe africain qui vous définit le mieux en terme de caractère ou de valeurs

Multiple au propre comme au figuré, il y’en a forcement plusieurs qui correspondant à chaque pan de ma personnalité. Si je devais en faire ressortir un seul, j’opterais pour ce proverbe Kongo qui dit en substance.

 Mvula i tina ngandu, ku nseki nde ku nseki, ku masa nde ku masa.

La traduction littérale pourrait être la pluie que fuit le crocodile le mouillera dans la brousse comme dans l’eau. Je l’ai toujours compris comme suit : on ne fuit pas les problèmes. Il faut y faire face.

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4/ Normalement en fonction de la composition de l’équipe, vous avez une ou plusieurs reines. Donc pour 2017 comment çà se passe. Vous allez nous présenter une ou plusieurs femmes digitales africaines que vous admirez, que vous pourriez interviewer, avec laquelle vous aimeriez  collaborer ou tout simplement échanger autour d’un verre ?

Merci de m’avoir un peu mâché le travail avec cette question. En effet, l’idée de départ était de jouer sur le chiffre 7 une sorte de clin d’œil au mois de juillet, mois de la JIFA. Chaque édition apportant son lot d’innovation, je suis passée de moi couronnant 7 reines, à une élection collégiale. Ce sont toujours les femmes qui couronnent, puisque nous sommes 5 à avoir accepter de jouer le jeu des entretiens, que seules 4 ont vraiment opté pour des femmes digitales, cela me laisse trois couronnements possibles. Au départ, j’avais imaginé un trio afro-européens, et puis les choses ne s’étant pas déroulées comme je l’escomptais, j’ai changé mon fusil d’épaule. Le plus amusant, c’est que finalement l’une des reines que j’avais envisagé sera tout de même présente par le biais de quelqu’un d’autre, donc le résultat final qui est de mettre en lumière sera tout de même atteint. Hum..Je vois que çà ne fait rire que moi et que vous voulez des noms.  La première femme digitale sur laquelle j’ai envie de poser une couronne de reine de cœur est Angèle Bassolé-Ouédraogo du Burkina Faso. Le talent de cette femme est extraordinaire, sa production gargantuesque et pour couronner le tout elle est à la fois journaliste, poétesse et éditrice. En août 2016, dans l’article coup de cœur pour une page sur les poétesses africainesje partageais ma découverte, depuis je suis béate d’admiration devant ce travail titanesque, puis vint le tour en février 2017, de parler de son recueil Les porteuses d’Afrique. Pour répondre à la dernière partie de la question, je dirais qu’une conversation à bâtons rompues sur les littératures, l’histoire et l’art en général serait un moment inoubliable. 

Sa page consacrée aux poétesses africaines –> Bassole Poésie femmes africaines

Mes autres reines de cœur sont à la fois très différentes mais animées par la même passion, celle de dire et surtout de faire. Si les origines sont une source d’inspiration et un moteur, elles sont dans le même très ancrées et investies dans leurs pays de naissance pour les unes et d’adoptions pour les autres.

Christelle Pandanzyla belge originaire de la république démocratique du Congo, serial entrepreneuse avec Just follow me Magazine, Roots Events, les Afro’péros networking mensuel des entrepreneurs & professionnels de la diaspora et le Brussels African Market. C’est une force de la nature qui fait 1001 autre choses, parmi lesquelles je peux ajouter l’animation de l’émission Africana sur Radio Campus tous les jeudis de 19h30 à 21h30  et la coordination de “Empow’her Network” réseau professionnel de femmes afro-descendantes.  Femme digitale absolue, elle active sur tous les réseaux où elle peut créer des liens. 

Un lien pour suivre ses actualités  –> Pandanzyla Facebook  

Wangechi Mutu sculptrice originaire du Kenya et vivant à New York depuis les années 1990  déploie son talent au travers de collages, installations en tout genre sans restriction. Son détour en anthropologie est présent dans son approche artistique et ses créations inclassables parce que mêlant futurisme et mythologique.  Ses œuvres font bouillonner mon imaginaire et je suis fascinée tant par sa capacité à se renouveler que par la subtilité avec laquelle  elle marie militantisme et liberté artistique. Ses créatures mythologiques attirent, effraient, révulsent ou intriguent, elles ne laissent personne indifférent et surtout elle oblige à se poser des questions sur nos représentations conscients ou inconscientes de l’éternel féminin en particulier celles de la femme africaine. Non contente d’interroger la place de la femme africaine en Afrique, Wangechi Mutu déconstruit les mythes et perceptions de la femme africaine dans le monde occidental.

Lien vers son site   –> wangechi mutu  

Originaire de la république démocratique du Congo Lisette Mibo vit au Royaume-Uni. Autre profil tout aussi atypique et inspirant, celui d’une résiliente qui croit que c’est possible et qui le fait advenir. Fondatrice de  Passion for Motherland dont la mission est de donner un espoir, de construire un futur avec les personnes sur place pour sauver des milliers d’enfants  qui errent dans les rues de Kinshasa. Avec son équipe, Lisette Mibo organise des événements qui mêlent mode, musique et poésie, dans le but de lever des fonds pour des organisations comme Fondation Panzi , Menelik et Save the Congo.

Lien vers le site de la fondation   –> Passion for motherland  

5/ Et c’est déjà presque fini, tu es soulagée et nous sommes tristes. Maintenant pour les muses, on sait que vous en avez toujours plusieurs, donc vous les ajouterez, mais la principale, cette femme africaine connue qui a un moment ou un autre de votre parcours vous a inspiré. Qui est-elle ? Que fait-elle ? En somme, pourquoi elle ? 

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Oui j’ai en effet plusieurs muses dans mon escarcelle comme toujours. Mesdemoiselles, vous lisez en moi comme en un livre ouvert désormais. SouRIRES ! Si je ne devrais en conserver qu’une cette année ce serait Ayaan Hirsi Ali somalienne d’origine, militante femme politique et écrivaine. Si j’en crois ce que j’ai pu lire ici et là, elle a défrayé la chronique il y’a dix ans, et je ne m’en souviens absolument pas. A vrai dire, Ayaan Hirsi Ali est ce que j’appelle une muse de fulgurance découverte par le biais de sa fondation, son militantisme contre les violences faites aux femmes me touche autant que sa soif de liberté à tous les sens du terme.  Je ne ferais pas mien tous ses combats, mais sa capacité de résistance et son sang froid sont admirables. Adorée

puis lynchée, menacée de mort et j’en passe et des meilleures, peu de personnes auraient survécus à un tel parcours dantesque. Ayaan est une révélation énergétique dont la capacité à faire face sans se défiler apporte un plus à mon élan. 

Lien vers le site de la fondation   –> The AHA Foundation  

Comme il fallait s’y attendre le trio formé par Caroline, Gabrielle et Mawuli s’en est donné à cœur joie. Merci mesdemoiselles pour m’avoir une fois de plus sortie de ma zone de confort.

Chers lecteurs adorés, dans quel état êtes-vous au terme de cette logorrhée ? SouRIRES ! Parmi toutes ces femmes citées, certaines vous sont elles connues ? Et si nous en parlions dans les commentaires ?

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